24h Jogging de Liège, 200,9km, une victoire en catégorie Solo,une semaine plus tard.
Tout d’abord une bonne préparation en enchaînant quotidiennement 15/20 KMS depuis des mois. Focus sur l’allure « de croisière » pendant les 2/3 dernières semaines. J’ai fait aussi un grand travail de foulée ces derniers mois, enchaînant les kms en Vibram Five Fingers, pieds nus, en lisant différentes méthodes, en expérimentant ce qui me correspond.

Bref j’arrive prêt, avec une stratégie en tête:
– gestion de l’allure 5.30 min/km max pour les 100 premiers kms puis on décline et on voit.
– gestion de la foulée > changement de chaussures régulier, Five fingers V-Alpha, Altra Escalante Racer, ASICS Metaracer.
– nutrition > expérimentation du régime Cétogène adopté 3 semaines plus tôt, alors apport de carbs et de sucres limités pendant la course.

Pour faire un résumé rapide, tout a bien fonctionné. Pas d’accro physique ni psychologique, juste une nuit très longue car pas d’équipe de soutien personnelle. Déjà, en arrivant, très bon ressenti de l’ambiance et de la qualité d’accueil de l’organisation et autres équipes voisines, hyper amical et ça fait chaud au cœur, tout ce que j’aime et dont j’ai besoin pour me sentir bien dans ces événements où l’on va chercher loin physiquement mais aussi émotionnellement.Installation du camp de base, de la chaise de repos -merci Alexis -, ma Karmen est là pour m’aider pour l’après-midi, et ça, cela n’a pas de prix.

Dernier détail de préparation, mon choix, démarrer en Five Fingers pour bien ressentir le sol, être sur une foulée naturelle et sentir la fatigue arriver pour ainsi adapter l’allure au fur et à mesure des kms, et ne pas trop en faire trop vite. Étonnant, au départ surprise un autre concurrent -Vincent- avec qui j’ai déjà couru- démarre lui pieds nus carrément ! Osé je trouve, sur une épreuve comme cela, perso je ne prendrai pas de risque avec ma peau des pieds, je penses d’ailleurs qu’il l’a payé assez rapidement car je ne l’ai très vite plus vu assez…
Donc départ, mise en route tranquillement, j’adopte ma vitesse de croisière prévue, faisant attention à ne pas me faire embarquer par les runners en équipes qui eux peuvent se permettre des vitesses plus élevées, mais en même temps ne pas se laisser s’endormir non plus. Après quelques tours je suis dans mon rythme et je commence à rencontrer petit à petit les personnes avec qui je vais passer pas mal de temps… Valentino -solo- avec qui je discuterai pas mal et qui finira juste derrière moi, Natalia -solo- qui finira première dame et 3ième overall ( on m’a dit qu’elle n’avait jamais couru plus de 15km avant, elle en fera 157, fou!), Ju -solo- un local super sympa et drôle, bref petite solidarité des solos…

Quand aux équipes tout au long de ces 24h elles m’ont bien aidé aussi: Mes voisins de campement, une famille toute sympa composée de 3 générations qui fait cette course depuis 15 ans comme regroupement familial, trop chouette! Merci encore à eux pour les encouragements réguliers, la soupe en pleine nuit et le pain au chocolat matinal. Trop trop bien! De l’autre côté de la piste une des équipes est aussi à mes yeux, championne des encouragements, a chaque tour quasiment, incroyable! Un petit mot gentil ou un court échange le temps de 15m couru tous les 8/10 min pendant 24h!! Merci merci encore! AAh et oui aussi, un des coureurs qui faisait sonner un petit klaxon a quasi chacun de mes passages sur la ligne, merci à lui aussi!
Et bien sûr l’organisation quasi infatigable!
Donc au début tout va bien, je suis ma stratégie, Karmen m’aide beaucoup en terme de logistique et d’intendance, on est vrai équipe qui fonctionne bien ensemble, à la vie comme au sport. Rafael un coureur Galopins et ami et aussi venu me supporter dans les premiers tours, ce qui m’a vraiment aidé à prendre ma vitesse de croisière dans un état d’esprit positif et en toute décontraction. Il part rapidement car le lendemain les 20 kms de BXL l’attendent, course qu’il gérera parfaitement avec un chouette chrono. Puis, Benjamin Robert un pote que je n’ai pas vu depuis mon époque où je roulais en tant que coursier à vélo à BXL et où je participait à la vie de l’underground cycliste Bruxellois hum hum… Quelques rotations tranquilles avec lui, il ne court pas souvent donc déjà un tout bel effort plein de gentillesse que de m’accompagner un peu.

Le temps passe, les tours s’enchainent avec facilité, ce n’est même pas ennuyeux car nous passons un fois près et une fois dans la tente d’animation, et en terme d’animation, clairement on peut compter sur les liégeois ! Puis le parc n’est pas fermé au public donc il est vivant et c’est drôle. Pour l’anecdote j’ai eu une enchaînement de tours où j’ai pu observer la progression d’un couple de personnes âgés qui avançaient doucement le long du parc, pour trouver un banc, un tour, « bonjour madame, bonjour monsieur ! – Bonjour jeune homme! Bon courage! – merci bien! », plus tard après quelques rotations, petit commentaire à propos du livre qu’ils se sont mis à lire assis tranquillement sur un banc. Drôle de situation, c’est comme si on avait changé les rôles des personnes âgées qui observent les passants dans le parc, selon mon référentiel fixe, c’est moi qui les observait ! Puis ils se lèvent pour doucement rentrer « bonsoir monsieur-dame. – bon courage et attention à vous, jeune homme. – la même pour vous monsieur-dame. » Bref des petits moments d’humanité simple comme je les aime et sur lesquels j’adore porter mon attention.

La soirée avance, Karmen doit rentrer, 19.30 la voilà qui part… ça va faire un vide, mais je me sens bien et on restera en contact souvent. Dernier changement de chaussures avant sont départ, car je ne tiens pas spécialement à le faire seul en plaine nuit, au tour des Metaracer ASICS, plaque carbone un peu de drop, de quoi aider à enrouler la foulée et garder la cadence, tout en restant proche du sol. Bref voilà la nuit arrive.

Niveau nutrition et hydratation tout va bien. Alternance d’eau, isotonic de l’organisation et Coca, et pour la nutrition, un Tupperware de pâtes légumes poulet et reblochon, du Holyfat (mélangé gras de noix, goût café ou sel)… bref ça marche . La nuit avance, les connexions se font, pour ma part Valentino, Natalia, Ju, et les irréductibles supporters! La logistique se fait de plus en plus difficilement, mes envies de café compliquent le truc, genre jusqu’à 10 min avant de pouvoir en trouver un, un détail mais du temps perdu sans pour autant être du repos…. Pas grave du tout, je me sens bien mais je sens le timing m’échapper parfois…Improbable passage d’un coureur -Martin- de mon groupe qui était de sortie sur Liège, bourré et de bonne humeur, c’est drôle jusqu’au moment où il se met à courir avec moi, bourré en ayant eu un trail le matin même… le meilleur moyen de blesser! Bref je le raisonne et passe avant tout un chouette moment avec lui! Il sera de retour au matin avec des croissants, me dit- il en partant vers 5h du matin… affaire à suivre…

Un peu de fatigue s’installe j’ai envie de me relancer, en discutant avec Valentino, il me dit être passé à la tente des Kinés et qu’il en est ressorti vraiment bien. Ça vaut le coup de tenter ça. Passage à ma tente pour récupérer mon Arnicadol -crème apaisante avec arnica et herbes qui relaxent, et hop j‘y suis allé deux fois dans la nuit, et clairement ça fait un bien fou. En plus il sont vraiment cool ces étudiants en Kiné. Merci encore à eux d’ailleurs!
Ah encore un petit détail couillon, en mangeant un petit saucisson dont je suis friand, je me suis bêtement cassé une dent et qu’est-ce que c’est chiant! Heureusement la douleur est tolérable! Bref des petits obstacles, mais rien n’entame mon moral ni ma volonté d’aller jusqu’au bout.

Stef, mon ami et sponsor avec http://www.montane.be/ m’a dit qu’il serait là avant les premières lueurs du jour et celles-ci se font attendre mais ne sont pas loin d’arriver… Sacré Stef! Il va venir c’est sûr, mais quand? La nuit est longue maintenant! Et là message de ma Karmen, elle est déjà dans le train en route, je lui avais dit de prendre son temps, mais elle n’a pas pu résister à prendre le premier qui quittait Bruxelles.
Trop trop bien fait, ça remet du baume au cœur…Je tourne bien jusqu’à son arrivée qui est rapidement suivi par celle de Stef et Ania -sa femme- , qu’est ce que ça fait du bien de les voir. Ils m’encouragent bien, me trouve en bonne forme et sont contents de voir ma constance… Un changement de chaussures -retour des Altra, des cafés, du coca… tout suit, tranquillement son rythme je prends même un peu de vitesse…

Puis soudainement, km 185 mon mollet gauche explose! Ça m’oblige à quasiment marcher un tour entier… si je veux aller au bout, une seule chance les Kinés! Je rentre dans leur tente, leur explique, leur donne 5 min pour réaligner les fibres musculaire et détendre tout ça… Je ressort, marcher 200m check, trottiner 200m check, allez un peu de vitesse, yes ça passe! Allez maintenant dans ma bulle pour atteindre les 200kms. Et, au passage, mon Tour le plus rapide se fera dans cet enchaînement là ! C’est dur, mais je vois la fin, plus rien ne peut m’arrêter, yes !

Une émotion folle s’empare de moi et me colle jusqu’à la fin! A chaque tour de plus en plus de personnes pour me/nous supporter, ça fait chaud au cœur! Stef qui s’improvise coach, me donne mes temps de passage, calcule le reste, me pousse mentalement, Karmen qui juste, par son regard fier, me recharge à chaque tour un peu plus, les autres survivants qui sont dans le dur comme moi et on se serre tous les coudes et s’encourage mutuellement !! Qu’est-ce que j’aime ces moments là dans les courses d’ultra-endurance!

J’attaque mon dernier tour pour valider mon 200km, je me sens voler, je prends tous les applaudissements et encouragements, Martin réapparaît avec ses croissants -12h45 haha- et son téléphone pour filmer à la main, dernière ligne droite voilà, j’y suis suis! Grégory de l’organisation pour m’accueillir, quel moment! Il me reste 10 min pour un autre tour, il y a la place, mais non, je préfère profiter pour serrer Karmen dans mes bras, boire la bière que Stef me tends, accueillir les différents finisseurs, dont un tout grand Kiné qui m’a pacé sans le savoir les 3 premières heures et qui est rentré pour la dernière heure comme un boulet de canon et ça a participé à ma relance ça c’est sûr!Chaque arrivée est fêtée dignement et acclamée chaleureusement…
Maintenant place au podium et aux échanges, je suis quand même bien cassé et comme en dehors de moi-même…Content d’avoir vécu cette aventure!
Plus qu’un chose à dire: À l’année prochaine évidement!!